ou « QUAND ON N'A PAS DE TÊTE, ON A DES JAMBES! »
par Joao Santos Rocha

Quelques années passèrent, les idées et quelques souvenirs avec.
Puis un jour, une sortie vélo fut improvisée comme ça, à la volée.
Rendez-vous fut pris. Un dimanche. La sortie se fit avec le plus grand des plaisirs. On décida de remettre ça au septième jour suivant. Même plaisir. Allez ! Encore une ! Puis, petit à petit une certaine habitude s'installa.
Jusqu'à ce que l'habitude devienne passion.
Les sorties s'accumulant, les résultats aussi, une idée lointaine, revint chatouiller un coin du cerveau: "France – Portugal en vélo".
Au début, j'y pensais sans plus. Je prenais ça comme quelque chose d'assez difficile. J'en rigolais intérieurement ! Mais à force d'y penser, je finis par me convaincre que finalement cela pourrait être intéressant. Peu à peu, je finis par y croire au point d'y penser constamment. Très vite l'idée devint donc un objectif que, par la force des choses, je devais mettre en œuvre. Vu que je ne prenais pas la chose à la légère, il fallait bien se mettre au travail !
Étant assez obstiné de nature, mon objectif devint très vite un point de mire que je ne lâchais pas. Jour comme nuit, c'était en moi. J'y pensais tout le temps, et tellement que penser à autre chose m'était impossible. La date fatidique arrivant, c'était pire !! Entraînements les uns derrière les autres. Physiquement et mentalement, je devais être prêt et fort pour ce qui allait être un tournant dans ma courte vie.
Puis la date est arrivée. Le jour du départ tant attendu, un peu comme pour un examen, j'étais tendu. Une pression énorme. Celle de l'inconnu et celle de l'échec. Je m'attendais à tout... Mais confiant...
Mon voyage s'est donc fait. Néanmoins il a été prématurément interrompu. A 300 kilomètres de Lisbonne, objectif de fin, blessures et intempéries m'ont contraint à cet arrêt. Mais ce n'est pas grave en soi. Le plus important étant d'arriver au Portugal, chose faite, ce fut donc comme un soulagement tant le voyage fut difficile. Mais le plus incroyable fut bien cette dernière étape avec ses 184 kilomètres et cette frontière en guise de ligne d'arrivée. Convoitise de la journée obtenue. Mon podium.
C'est avec beaucoup de fierté qu'aujourd'hui je peux dire : je l'ai fait !
Je suis heureux car j'ai assouvi un rêve lointain. Heureux car j'ai vécu des choses incroyables et inespérées. Heureux d'avoir rencontré des gens incroyables. Heureux car je connais mes limites Je me suis découvert physiquement et surtout psychologiquement. Sur ce dernier point, je suis devenu plus fort. Heureux car c'est aussi une manière de remercier tous ceux qui ont été avec moi, avant et pendant ce voyage. Inversement, c'est haut et droit devant eux que j'adresse mon illustrissime doigt d'honneur à tous ceux qui ont douté ou qui ont tenté de me décourager. Ils n'ont fait que me donner encore plus de détermination et de persévérance dans mon entreprise. Jaloux et défaitistes font partie du lot... Mais passons...
J'ai crevé 7 fois, dont une fois "Pépito" et une fois "Marguerite" en France. Les 5 autres fois en Espagne... Pas de commentaires...
De mon côté, une cheville blessée ainsi qu'une petite douleur derrière la cuisse, et l'auriculaire de la main droite crispé par les efforts. Quant à mon petit popotin - pour les curieux – il va bien et il n'y a pas eu de souci majeur !!!
A la veille de mon départ, je pesais 74 kilos. A l'arrivée, il m'en manque 9 !!!
Les jambes d'Armstrong et un ventre de Somalien !!!
Psychologiquement, le plus dur a été l'Espagne avec un pouce tendu dans la région de Burgos... Je sais, je sais... Le plus cool fut la côte landaise. Et le summum fut donc la dernière étape...
Aujourd'hui, je me sens bien dans ma peau. Bien car je me suis fais plaisir...
Du repos, de la bouffe bien de chez nous. Et puis qui sait ? J'ai déjà une idée dans la tête ! Mais chut !!
Merci à toutes et à tous
Joao et son vélo !

PS : Pépito m'accompagne depuis environ 6 mois. C'est un Décathlon qui a plus de dix ans. Noir, 18 vitesses, et des freins qui n'existent plus. Lorsque je l'ai repéré, il tenait compagnie au mur du jardin d'un voisin. Il était un peu mal en point. Le pauvre a connu toutes les saisons pendant de longues années à la même place, m'a dit son ancien propriétaire. Il m'a plu et j'ai l'on donc acheté. Il m'a coûté 20 euros ...
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