Dès le mois de Janvier, Alain JEAN-JO, Joseph GUEGUEN et moi-même décidons de nous inscrire pour une randonnée Ardéchoise sur 3 jours avec au programme une boucle de 523 km et une bonne trentaine de cols à franchir.
Plus la date du 15 Juin approche, plus je me sens une fois encore embarqué dans une aventure peut-être au dessus de mes forces, surtout avec ces deux lascars. Joseph n'ayant plus à démontrer ses talents de rouleur - grimpeur et Alain, malgré la consigne de ne pas dépasser 12O tours / minute, ayant encore de beaux restes.
Un mois environ avant la date, hélas ! Joseph doit déclarer forfait sur avis de son médecin.
MERCREDI 14 JUIN
Je prends la route très tôt en voiture afin d'arriver à ST FELICIEN dans l'après-midi, retirer les inscriptions et expédier nos deux sacs au camion d'assistance, ALAIN devant me rejoindre plus tard dans la soirée.
Sur la route avant SAINT-ETIENNE, un pneu crevé me fait perdre une bonne heure (le temps de déballer pour accéder à la roue de secours, de trouver les ustensiles, de comprendre comment se servir de ce p... de cric de m... et de tout remettre en place).
J'arrive à ST FELICIEN vers 15 heures 30 et je retrouve mon terrain de camping favori à la même place que l'an dernier.
Le temps d'installer ma tente jetable (2 secondes chrono) et me voilà paré. J'y retrouve aussi mon voisin de l'an dernier, Gérard, un cyclo de Saône-et-Loire, lui aussi avec une tente jetable (2 secondes chrono).
Je vais prendre les feuilles de route, dossards, puces, etc. et j'expédie les bagages.
Joseph, malgré son forfait, recevra tout de même en compensation un maillot de l'Ardéchoise.
Alain arrive vers 21 Heures avec son camping-car et on essaie de passer une bonne nuit avant le départ du lendemain.
JEUDI 15 JUIN
Debout très tôt, bien sûr, petit déjeuner, toilette sommaire et nous voilà partis. Il est 6 heures 30. Les départs des trois jours n'ont rien à voir avec la cohue du samedi matin, tout est bon enfant. Le speaker ayant un mot sympa pour tous les participants et ce presque individuellement.
La météo s'annonce excellente dans la journée mais pour l'heure, il fait frisquet : 6 ou 7 degrés tout au plus et dans la petite descente (3 km) jusqu'au pied du col du BUISSON, ça pince un peu.
Ça s'arrange bien sûr avec la première montée (7 à 8 km) et après tout sera parfait.
Col du BUISSON sans problème puis la descente sur LAMASTRE avec mon ange gardien Alain qui n'en finit pas de me vanter les beautés des paysages, les senteurs, etc. Il n'a pas d'efforts à faire : je suis conquis également. Et puis cette ambiance ! Quelques 4000 cyclos lancés à l'aventure sur les trois jours. Là, je dois faire une parenthèse sur cette ambiance : tous ces villages traversés, décorés avec le vélo pour thème, ces gens quelquefois déguisés pour nous accueillir, les lâchers de ballons par les enfants des écoles et puis bien sûr ces merveilleux buffets improvisés : saucisson de montagne, fromages, confitures en tous genres, crème de marrons, sans oublier la bière à la châtaigne pour certains (dont nous) et les eaux de source fraîches pour les autres. Merci à tous les Ardéchois !
A VERNOUX, une chorale improvisée nous accueille, avant les difficultés sans cesse croissantes, car rien n'est plat dans ce pays. Les cols se succèdent et nous arrivons à l'heure du déjeuner. Pas besoin de chercher un resto avec les buffets cités plus haut. Allez, pas d'abus tout de même ! La route est longue et il commence à faire très chaud.
Nouvelles montées, nouvelles descentes et on arrive au chef-lieu, PRIVAS, également décoré et en fête. Plus que 25 km avant le terme de notre première étape. On taquine encore un peu les toasts au saucisson et au fromage ; quant à la bière de châtaigne, n'exagérons rien, je vous prie... Bof ! Juste un verre alors...
Et nous voilà repartis mais dès la sortie de Privas, ça remonte sur 14 km jusqu'au col du BENAS, puis légère descente et on remonte au col de FONTENELLE. La bière de châtaigne est digérée. Enfin, la descente sur SCEAUTRES, terme de notre voyage aujourd'hui. Pas fâchés d'être arrivés ! Tout de même 180 km au compteur.
Un gîte perdu dans la montagne mais ambiance, repas, couchage, le tout plus que parfait. Le patron et la patronne, grands sportifs et un peu aventuriers, nous racontent leurs exploits de marches et courses dans le désert et autres trucs de dingues.
Au cours du dîner, on apprend la mort de Raymond Devos. On fait la connaissance d'un cyclo de Bourgogne, éducateur spécialisé qui forme des jeunes au vélo avec l'esprit randonnée. Passionné et passionnant le gars ! Intarissable !
On va dormir pas trop tard tout de même car demain, il y a vélo.

VENDREDI 16 JUIN
Une dure journée nous attend. Bien que la descente au sud sur les gorges présente moins de dénivelé, quelques raidillons sérieux et pentus nous rappellent à l'ordre. On rencontre deux gars qui ont dormi chez l'habitant et nous racontent leur soirée inoubliable et sympa. Ils se sont fait des amis et ont promis de revenir. C'est ça aussi l'Ardéchoise. Venez, vous comprendrez.
Les Gorges, au sud du département : paysages magnifiques ; on prend le temps de s'arrêter et de prendre quelques photos. On a tout notre temps en randonnée.
Après VALLON PONT D'ARC, on remonte sur LARGENTIERE, sous la canicule, et on s'arrête pour un repas léger évitant pour aujourd'hui la bière à la châtaigne. On attaque ensuite la longue remontée sur LOUBARESSE (près de 20 bornes). Alain le métronome toujours à son rythme et toujours d'humeur égale saluant tous les gens sur le bord de la route et moi qui suis comme je peux mais ça ne se passe pas mal tout de même.
A mi chemin dans la montée, je m'arrête à VALGORGE, à une fontaine bienfaitrice prise d'assaut par les cyclos. Alain préfère continuer sans s'arrêter ; il m'attendra en haut.
Je n'aurais pas dû m'arrêter. Dès les premiers coups de pédale après VALGORGE, je sens que ça va flancher et un bon coup de bambou m'attend. Des tas de gars sont arrêtés à l'ombre pour quelques instants. Ça me donne envie, je m'arrête aussi. Repos de dix minutes et je sais que ça ira mieux après, je me connais. Et me voilà reparti. Alain m'attend au croisement des routes à LOUBARESSE et ce repos lui est également bénéfique. On continue ensemble : Col de MEYRAND puis col du PENDU... Curieusement, je me sens mieux et Alain moins bien. Longue descente jusqu'au col de CHAVADE, situé en contrebas et franchi en descendant. Celui-là, on l'a avalé !!!! Encore 20 bornes pour arriver à USCLADE ET RIEUTORT (ça ne s'invente pas un nom pareil). Alain finit vraiment fatigué mais la beauté du paysage nous fait un peu oublier tout ça. A MAZAN L'ABBAYE, j'ai même droit à un cours d'histoire et d'archéologie !! Cette randonnée pour moi sera aussi culturelle. Il paraît que j'en ai bien besoin (?!?). Merci Monsieur le Professeur!!
Enfin USCLADE ET RIEUTORT. Ouf!! Enfin, pas tout à fait car notre gîte, « LE PRAT SAUVAGE » (ça ne s'invente pas non plus) est situé sur cette commune, certes, mais perché 4 km plus haut dans la montagne. Quand faut y aller, faut y aller!
On arrive enfin : 195 km au compteur!
- Deux bières à la châtaigne “siouplait” !
- J'avons point de ça ici, me dit le patron !!!! Rustique au possible (“Le Prat Sauvage”, ça doit être lui !). Alors deux normales!! On s'en fout, on a tellement soif!! Heureusement que la bière était fraîche car pour le reste... En arrivant les derniers, plus d'eau chaude pour la douche, le repas pas terrible, la chambre minuscule, un seul lit pas très large de surcroît pour nous deux. Pardon mon CANTALOU mais nécessité oblige!!
SAMEDI 17 JUIN
Nous voilà repartis pour la dernière étape. On a curieusement bien récupéré tous les deux. La montée du GERBIER DE JONC se fait sous une pluie fine. Nous sommes accompagnés un moment par un cyclo instituteur en retraite qui, reprenant du service spontanément, nous rappelle que la LOIRE prend sa source là-haut. J'ai appris ça à la communale, mais je ne pensais pas à cette époque que 50 ans plus tard, j'irais à bicyclette vérifier le bien fondé de cette information. Cette montée se passe sans encombre et la pluie cesse. Le plus beau restait à venir avec la route des crêtes, puis la montée sur MEZENC. Ensuite, ST CLEMENT et LA CHAPELLE SOUS CHANEAC avec les gens costumés façon Moyen Age nous accueillant, nous les “VISITEURS” arrivant à bicyclette. Partout, les fleurs, la musique, la fête!!
Après, encore un gros morceau nous attend avec le col de L'ARDECHOISE ! Même à notre allure de randonneurs, c'est du copieux ! Ça passe toutefois pour tous les deux sans trop de mal. En haut du col, on rencontre nos potes de PANTIN venus en force : Dédé, Marcel, Jean-Paul et les autres.

On attaque ensuite la longue descente sur BOREE ST MARTIAL ARCENS jusqu'au ravitaillement de ST MARTIN DE VALAMAS. Ici le parcours devenant commun pour tous, les 1, 2 ou 3 jours et les cyclosportifs, on est submergés par une forêt de cyclos. Des milliers!! Impressionnant!! Après le ravito habituel (je passe les détails), on attaque la longue montée sur ST AGREVE et le col de la CLAVIERE (15 km) puis la montée sur ROCHEPAULE. En haut de ROCHEPAULE, Alain préfère continuer ; moi, je veux faire une pause pipi. Il y a une énorme omelette faite dans une poêle de 1 mètre de diamètre et des petites portions sont distribuées aux cyclos qui en veulent. Eh!! J'en veux moi!!
Ensuite, la longue descente escarpée et dangereuse sur PONT DE CLARA et la montée du col du BUISSON avec ses passages à 15 % mais un orchestre à chaque lacet pour nous encourager.
Le regroupement se fait en haut de ce dernier col dans une cohue indescriptible, tout le monde s'appelle, s'interpelle, on reconnaît un copain, une copine, le tout dans la bonne humeur et le soulagement de n'avoir plus qu'à se laisser glisser vers SAINT FELICIEN.
La dernière descente est toutefois périlleuse quelquefois, certains cyclos dans l'euphorie devenant indisciplinés. On avale gaiement la petite remontée (3 km) et voici SAINT FELICIEN : c'est terminé ! 150 km aujourd'hui. En tout 525 km ! Notre pari est réussi. Alain et moi, on se fait une accolade : on est super contents !
On va boire une bonne bière (« Encore !! » direz-vous), puis prendre une bonne douche et enfin récupérer nos bagages. Un peu plus tard, on va rejoindre les Brévannais cyclosportifs à LALOUVESC pour un dîner sympa tous ensemble.
Alain nous quitte ; il préfère reprendre le chemin du retour rapidement et s'arrêter se reposer quand il le sentira nécessaire.
Vers 23 heures, je rentre à SAINT FELICIEN rejoindre ma résidence jetable (2 secondes chrono), traversant le village, j'avise Roger, le propriétaire du camping, qui m'invite à venir boire un (?) verre (s) avec lui et quelques amis bénévoles de l'organisation. Ce fut en quelque sorte une quatrième mi-temps improvisée. Dur !! Dur!!
Lorsque, tard dans la nuit, je daigne enfin rejoindre ma résidence jetable (2 secondes chrono), je sens de nouveau une grande « fatigue » m'envahir mais cette fois, ça n'a rien à voir avec le vélo...
Alors les copains?? Ça ne vous donne pas envie de venir faire un petit tour en ARDECHE ??
Combien de Brévannais pour m'accompagner en JUIN 2007 ???
Il faut s'inscrire fin JANVIER pour réserver les meilleurs gîtes.
A très bientôt j'espère.
James
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