SEPTEMBRE 2005
« Ils avaient dit qu'ils m'attendraient ! »
par Mathieu Kolasiak

Il parait qu'il est de légende à l'ASB que le néophyte du groupe raconte « sa » Gamelle Trophy, donc, moi-même, Mathieu Kolasiak, neveu du patron, première année au club, vais vous conter ma cavalcade de 50 bornes sur mon cher destrier anthracite.
Donc, la Gamelle Trophy, c'est comme le Mont Griffon et le bois de la Grange par chez nous, sauf que c'est pas pareil ! Essayer de regrouper 1200 mètres de dénivelé sur 50 kilomètres au Mont Griffon et vous comprendrez. De même, si quelqu'un arrive à loger 3005 personnes, une dizaine de courses et un trail (course à pieds), sur la seule allée Royale et allée Sainte Catherine à Yerres, ben chapeau ! Bref, c'est différent, à part quelques cailloux par-ci par là, certaines racines, des petits grains de sable, et quelques arbres qui traversent aussi les chemins sans regarder.
Et bien, à Sillé le Guillaume, ils savent faire, il suffit de planter des pancartes sur des arbres, de gonfler un viaduc en plastique, et de mettre quelques godets de flotte et des rillettes sur une table toute les 10 bornes. Je me demande quand même comment ils font pour placer le caillou ou la racine nécessaire à l'entrave du VTT.
Trêve de bavardage, terminons cette introduction.
Mon jouet affûté chez un bon bouclard un jour avant le départ, je peaufine ma valise :
« Surtout ne pas oublier les maillots jaune et vert, pour éviter une syncope à mon oncle ! »
Samedi matin, arrivé à l'heure au point de rendez-vous (ndlr :pour une fois ! hein les gars !). Un arrêt à Villecresnes, et toute une troupe de vététistes en jaune et vert, et en jaune et bleu (nos amis de l'ASPTT), avale les quelques 250 kilomètres qui nous séparent de l'antre sarthois du Vtt.
C'est ma première réelle sortie avec les troubadours de l'ASB. Les amateurs de boue et les routiers s'entendent très biens, tellement bien que je me demande si l'on part pour faire du sport ou pour faire la foire. Moi qui pensais que l'on ne pouvait pas lier les deux, eh bien si, à l'ASB.
Premier repas très équilibré au gîte (ironie ?): charcuterie, fromages, apéros, vins et flancs à volonté, de quoi préparer son corps à l'effort, tout du moins, un effort pour la sieste plus que pour le cyclisme ! Néanmoins la trentaine de vététistes, dont certaines jambes sont lourdes et certains guidons sont tordus sous des effets optiques non contrôlés, s'engagent sur les départementales bosselées et bitumées, direction le point de départ de la Gamelle ! Trente bornes avalées sous le signe de la rigolade pour certains, trente bornes pour se tester et contrôler la qualité du jambon brévannais pour les autres (ndlr : les jambes !). Après une bonne douche, rebelote pour le dîner, avec un repas plus équilibré par l'apport de pâtes, mais toujours aussi festif ! J'opte pour le repas du sportif : pas d'alcool, et un repas léger mais suffisant pour bien dormir.

La nuit fut courte, le sommeil léger, malgré tout le confort du corps de ferme où nous dormions. La lune éclaire encore les champs et les vaches alentours quand le réveil s'ébranle.
Petit-déjeuner copieux avec des substances faciles à digérer, autour d'un saladier de rillettes pour les plus téméraires.
7h30, départ en car pour le point de départ de la Gamelle. Les jambes sont froides, le corps est encore engourdi par le sommeil, le jour tarde à se lever, les nuages restent bas, l'humidité refroidit l'ensemble de nos muscles, et soudain, le soleil apparaît... avec la pluie, et le moral qui disparaît.
Ce n'est pas deux gouttes de flotte qui vont faire peur à des vététistes qui pédalent à longueur de saison dans la boue, quand même... et puis de toute manière, maintenant qu'on est là, on a plus le choix !
8h00, les destriers sont nerveux, la longue attente des retardataires (problème de logistique tee-shirt) fait trembler les mollets. 8h15, les mollets n'ont pas tenu, les furieux de l'ASB, Alain, Maryan, Pascal, Alain, Sébastien, et moi-même, partons chauffer la mécanique sur les premiers monotraces de la boucle. Echauffement raccourci par Sébastien qui emmène déjà le troupeau à bon train, « du moment que les guiboles tiennent ! ». (Ndlr : Claude m'avait conseillé de rester dans sa roue et de ne pas partir en trombe. Raté !)
La forêt est magnifique, les chemins non poussiéreux (ndlr : merci la pluie), et il pleut moins sous les feuilles des arbres (ndlr : logique !). Le paysage ressemble à celui de Fontainebleau, à la différence que les couleurs sont ici plus vives et moins ternes, on sent qu'on est loin de Paris et de son nuage gris : petite mousse verte sur petit caillou gris, petite pellicule d'humus sur petit sentier.
Les raidillons s'enchaînent et la technicité des vététistes l'emporte sur l'endurance des routiers (ndlr : héhé !). L'assemblage des deux pratiques permet au groupe de tenir un bon rythme, les routiers encourageant les terreux dès le moindre morceau de plat, et les terreux poussant les routiers sur les zones techniques et abruptes (Secret de l'auteu r: La réussite d'un passage technique est dans la domination de mademoiselle la roue avant !)
Les descentes, et les kilomètres s'enchaînent. Pascal est victime d'un double soleil avant sur une descente type « le cul sur le pneu » ! Le premier ravitaillement (10 e kilomètre) a raison de notre trésorier qui préfèrera attendre le peloton suivant. La pluie s'est calmée, la chaleur est revenue, les muscles sont chauds, chacun remets ses bras-nus. Je ferme la porte du groupe, préférant examiner et copier l'allure de mes coéquipiers (ndlr : pour préserver mes jeunes jambes non expérimentées). Sébastien, alias « dumomentquelesguibolestiennent », relance et relance encore. Le petit plateau devient inexistant, même dans les raidillons jusqu'au deuxième ravito.
Le 20 e kilomètre aura eu raison de Sébastien ! Les deux dangereux que sont Pascal, alias « Ariane 6 » et Alain (ex-cyclocrossman), ne me permettent pas de reprendre mon souffle. Ca repart de plus en plus belle avec Alain qui a décidé de se faire plaisir... et de nous faire peur en nous empêchant de toucher aux freins pour recoller à sa roue dans les descentes. Néanmoins, Pascal et moi-même suivons de loin, les nombreux vélos, difficiles à doubler courtoisement sur les monotraces du circuit, nous obligeant à attendre le premier élargissement du tracé pour passer.
Je profite d'un raidillon plus long que les autres pour déposer Pascal, retenu par un vététiste qui n'a pas daigné laissé le passage libre, et rattraper Alain. Je me retrouve, à mon tour, à la tête du peloton aux alentours du 30 e kilomètre. La boucle du circuit du 50 délaissant de nombreux vététistes du 40, nous sommes plus au calme, et traversons maintenant un bourg.
Quel accueil ! Acclamés, encouragés dans les bosses, les familles sont sorties pour voir passer la Gamelle, et je les remercie vivement au nom de l'ASB. (ndlr : vraiment très sympathique !)
Je ne vois plus mes acolytes, qui pourtant me collaient au train. J'en profite pour faire remonter la sauce. Je me sens bien, les muscles et l'esprit réagissent merveilleusement, toutes les conditions sont présentes pour terminer la randonnée en beauté, jusqu'à la prochaine ronce, deux points, ouvrez les guillemets (Ndlr : et couchez les enfants ):
« Put... de bor... de mer... de ronce qui me fait ch... ! »
Je crève de la roue arrière juste après la jonction 40-50 kms. Une vingtaine d'épines dans le pneu, une vingtaine de trous dans la chambre à air. Plus de 5 minutes à nettoyer le pneu. Alain et Pascal passent :
« C'est bon t'as tout ce qu'il faut ? T'as pas besoin d'aide ? »
Merci les gars, c'est gentil !
« On va rouler cool pour t'attendre ! »
J'ai mis 10 minutes pour réparer ma roue arrière, la vague du 40 m'est passée devant, j'ai de la boue plein les mains, et j'ai froid aux jambes. Tu parles qu'ils ont roulés cool ! J'ai eu beau pédaler comme un dératé jusqu'à l'arrivée, m'arrêtant à peine au dernier ravitaillement alors qu'il y avait du rouge et des rillettes, mais rien n'y a fait. J'ai terminé ma Gamelle Trophy seul, sur un terrain plus cassant au fur et à mesure que le beurre fondait sur la selle. Enfin, après avoir traversé un dernier gué (ndlr : sympas les petits gués à Sillé), après avoir écumé un dernier chemin rocailleux, mousseux, glissant, à trace « pneu de tracteur », la pancarte « Arrivée à 1 kilomètre » se profile devant mes yeux, juxtaposée à une balise stipulant « A droite », sauf qu'à droite, il n'y avait pas de chemin, à droite il y avait un mur !
La dernière bosse fut longue et difficile. Imaginez que vous rouliez sur un chemin qui longe un ravin d'un côté, et qui de l'autre décrit le versant d'une montagne. Soudain, le chemin disparaît, il ne vous reste plus qu'à escalader, en vélo bien sur, sur le petit plateau, ce fameux versant.
A droite donc il y avait ce fameux raidillon, que les plus découragés grimpaient à pieds à la force du moral, qui permettait de brûler les dernières vitamines. Un chemin de bosses après, je terminais sous l'appareil photo du président, heureux d'avoir retrouvé Pascal et Alain, arrivés peu de temps avant moi, et content de mon 14.5 de moyenne pour 3h25 de pédalage, chrono honorable pour une première participation.
Une bonne douche et un bon repas nous attendaient au gîte. Chacun exprimai ses douleurs et ses joies quant à cette randonnée, qui, c'est certain, ne laisse jamais personne indifférent.
Le retour se faisait sentir, les vélos étaient rangés, et les bagages clos, j'aurais voulu me réveiller à nouveau afin de recommencer cette randonnée.
• Bravo à mesdemoiselles les vététistes de l'ASPTT qui ont égayés nos soirées et apportées quelques brins de sourires à cette randonnée pluvieuse,
• Bravo aux vététistes de l'ASPTT pour leur collaboration sur le parcours,
• Bravo à Paul et à Réjane, qui ont parcouru en tandem,
• Bravo à Claude, qui se satisfait d'avoir terminé les 50 bornes à bon train sans crampes, malgré les vététistes non courtois, qui jouent du coude dans les montées,
• Bravo à Eric, Christophe, Alain pour leur chants,
• Bravo à mon oncle et notre président qui a terminé à pied, le dérailleur dans une main,
• Bravo à Pascal, Alain, Sébastien, pour le plaisir qu'ils se sont procurés,
• Bravo à Gérard, à Michel qui a réalisé ici sa première randonnée vtt depuis son opération,
• Merci à Monique, Yvette, Isabelle, pour leur gaieté,
• Merci à Laurent, pour avoir su faire voyager nos montures,
• Merci à Pascal, de nous avoir laissé salir son beau car,
• Merci à l'ASPTT pour le très bon repas du samedi soir, pour le petit déjeuner, et le repas du dimanche midi.
• Merci à l'ASB et à l'ASPTT pour la bonne ambiance, et quelle ambiance !
Mathieu KOLASIAK
Visiteur, Posté le lundi 27 août 2012 16:34
Souvenirs souvenirs...
Mathieu K