Dimanche 20 septembre 2009
par Michel C.
Mon sac est bouclé, je n'ai pas oublié la carte de route et la plaque de cadre. Gare de Lyon, je retrouve Patrice pour le départ pour Valence de 11h20. Pat et Olivier nous attendent en gare TGV. Bagages et vélo sont chargés. Le mien est toujours en congés chez François, pour se reposer au bon air de Gap. Nous empruntons la N7, chère à Charles Trénet. Montélimar, c'est du nougat, Nyons c'est l'huile d'olive et l'Olivier... c'est le copilote !...
Nous longeons l'Ouvèze, elle nous rappelle le drame de Vaison-la-Romaine. Buis-les-Baronnies... inféodé au Baron J-P ? Nous voyons la pancarte “Malaucène” ; nous, nous cheminons vers le norrrrrrd... Le petit village de Plaisians, et « Le Clos de la Bergerie » est au bout du bout, 2 km plus haut.
Excusez, les Copains !... Je n'ai pas trouvé plus près. FF et Christophe sont déjà arrivés. Nous sommes à l'opposé de nos 3 villages mythiques. La vue est imprenable sur le Géant de Provence et les voisins ne peuvent gêner... Nous faisons connaissance de nos hôtes, prenons possession de nos chambres, de la cuisine et de notre quota alloué (un couple d'Anglais est présent). Rien à redire, c'est impeccable. Le duo Pat'-Olive était parti la veille, après une halte de nuit à Beaune, avait fait les courses à Romans... et heureusement, ils ont vu grand... le restau du village est fermé. Mais voila que Pat entre en action, sans même quitter son petit sac à dos, il s'affaire de belle façon avec son marmiton Olivier. Les provisions sont rangées. Tomates, poivrons, oignons sont tranchés, découpés, courgettes émincées. Ils n'économisent pas leurs efforts, « économe » aidant. L'eau commence à bouillir, ils y noient un bon kilo de pâtes, elles « glougloutent » de plaisir. Bientôt une bonne odeur d'oignons frits chatouille nos narines. Un grand plat de crudités est dressé. Les escalopes de dinde rissolent. Nos papilles commencent à saliver. En un tour de main, voilà la sauce qui nappera la viande. Les autres « s'occupent », l'un met le couvert, l'autre soulage de leurs bouchons quelques bouteilles, le 5e tranche le pain. Pat, tu m'épates. Tu peux poser ton sac... Le Mimi surveille son petit monde, faut bien un chef de chantier ! Malin, le Lapin Angora... Bon appétit. Super repas. Demain, il ne fera pas trop chaud, léger risque d'orage en soirée, hum !!! Fromage, raisin, yaourt, tarte.
Bien sûr, la conversation roula sur le plan de bataille du lendemain. Il faut ranger, faire la vaisselle, Patrice s'y colle. Moi, je trouve le moyen de m'esquiver en feuilletant le livre d'Or de l'établissement. 22h00, il est temps de monter à l'étage. Je partage la chambre et un très grand lit avec Patrice. Je ne dors pas très bien. Parfois, par inadvertance, je frôle mon compagnon... rapide marche arrière... pourvu qu'il ne prenne pas mon geste pour une invitation... et... et... rien ne se passa, je suis toujours neuf !...
6h00, le réveil. Rapide toilette. Petit-déjeuner, là, c'est FF qui a assuré l'intendance : café, lait, jus d'orange, beurre, confiture, « Gatosport », du choix, de la qualité. Il faut ranger.
7h00, il est temps de se mettre en route, c'est que l'on a 45 km à parcourir pour rejoindre Bédoin, mon z'ami !

8h30/35, enfin le départ après avoir fait tamponner chez le vélociste local. La pente est faible jusqu'à St-Estève, au kilomètre 7,5 entre 2 et 6%. Ensuite, ce sera du 10 % sur les 10 km menant au Chalet Reynard. La route serpente au milieu de la forêt, pas de point de repère... Si, les bornes. Les positions se sont vite dessinées, le trio Pat, FF et Christophe, ensuite Patrice, Olivier et enfin moi-même et ne croyez pas que je folâtre, pas de tortue en vue.
Les inscriptions d'encouragements aux coureurs laissent peu de goudron apparent. Les frères Schleck se taillent la part du lion... Souvent peint de belle façon car il figure sur leurs armoiries. L'enrobage est parfait. Je gère tranquillement ma montée sur le 34/24, sans fatigue excessive. Enfin les chalets annonciateurs du Chalet, le vrai. Je m'octroie une barre. A partir de maintenant, je monte dans l'inconnu de ces 6 km à 9%. Curieusement, je trouve les 2 ou 3 premiers kilomètres assez faciles. Je dépasse 3 cyclos de St-Cyprien : « Allez les Catalans ! ». Peu de vélos sur la pente. Quelques moutons dans la caillasse, mais que mangent-ils ? Ils doivent se contenter de lécher les cailloux, peut-être quelques ravitos tombés... Doivent être apparentés à leurs cousines les vaches Indiennes. Le sommet me nargue, encore 2 ou 3 km. Un photographe (voir à www.sport-photo.fr) me mitraille : « C'est ta première ?... — Oui ! ». Il a vu ma plaque de cadre. Il me glisse ses coordonnées dans la poche. Dernier tournant, dur final, je me hisse sur les pédales. C'est le sommet : 1910 m. Vélos et touristes admirent le paysage. J'enfile mon coupe-vent, mange une part de Gatosport et je bascule sur Malaucène...

La pente me semble moins prononcée, je déchanterai au retour. Station de ski du Mt Serein, à droite, avec quelques chalets sous les sapins. 21 km de descente, j'ai le temps de récupérer sous le soleil. Nombreux sont les cyclistes croisés. Quelques kilomètres avant le bas, je croise Pat, il me crie : « Sont au bistro ! ». Malaucène. En effet, Patrice me fait signe du bord de la terrasse. Oui, un café s'il te plait !... Je vais faire tamponner au vélociste proche. Deux étrangers viennent d'en faire autant. « Merci Madame. — Ça va ? — Yes. » J'avale mon café et un bout de croissant. Nous repartons ensemble, pas pour longtemps, mais je reste au contact d'Olivier. Le soleil tape, je descends les manchettes. Mais la pente est aussi rude que tout à l'heure... Normal, les chiffres sont sensiblement identiques :
- Versant Bédoin : 21,5 km / moyenne 7,5% (11 maxi) / dénivelé 1610 m / difficulté ******
- Versant Malaucène : 21 km / moyenne 7,3% (11 maxi) / dénivelé 1535 m / difficulté ******
Toujours le 34/24. Vers la moitié, je lâche Olivier, je rattrape puis dépasse un groupe d'étrangers. Plus loin, leurs deux meilleurs me repassent devant et une jeune femme aux courts cheveux de lin veut en faire autant. Hé là ! Ma belle, pas si vite ! Nous revenons sur ses collègues. Avant la station de ski, la pente se radoucit, le soleil aussi, de gros nuages noirs font leur apparition. Un peu de “21”, je laisse les trois. Encore quelques kilomètres et le sommet. 2 à 3 min après, Olivier arrive, l'orage idem. Ouf ! Nous sommes à l'abri, à côté du marchand de charcuterie et gâteaux secs. Il bâche précipitamment. Les gâteaux seront-ils secs et les saucisses (de l'archiduchesse) archi-sèches ? L'Olive m'offre un Coca, demande des journaux pour la descente. Je mange mes fruits secs... Un peu mouillés. Fait chaud parmi les souvenirs, les cyclos affluent, car contrairement aux escargots, ils n'aiment pas la pluie.
« Hier, c'était pire », nous dit la vendeuse. Les chasseurs de tampons l'ont fait sous la pluie. Elle cesse tout aussi rapidement. J'achète une saucisse. Le vendeur nous assure qu'il pleut à seaux à Sault, quel sot ! À vérifier d'un saut de 26 km. Il appose son sceau sur ma carte. Notre dernier assaut sera-t-il compromis ? J'ai laissé l'imper dans la voiture, quel con ! Il faut respecter le Mont Ventoux, on ne peut le narguer impunément avec un simple coupe-vent, donc bien s'équiper, à retenir pour l'avenir. Je descends et je m'arrête peu après. J'ai oublié de remonter mes manchettes. Ça caille, la route est mouillée. Surtout, ne pas se casser la gueule ! Nous croisons Pat, il a donc l'A/R Sault d'avance sur nous, soit plus de 52 km, c'est énorme ! « Sont au bistro ! »... Encore ! En effet, ils terminent leur omelette et aux dires de FF, l'omelette du Père Reynard est aussi bonne que celle de la Mère Poulard.
Elle faisait suite à une soupe fromage/croûtons. Nos 3 amis sont trempés et moi, je n'arrive pas à contrôler les tremblements qui m'agitent. Oui, deux soupes SVP !... FF abandonne, Christophe aussi (il a mal à la gorge en plus), Patrice est indécis. Renoncer maintenant, ça me fait « chier grave ». Je ne tremble plus. Je propose : « on va à Sault, on verra ensuite ».
Nous amorçons la descente. Celle-là est moins pentue... Le soleil revient peu à peu, nous avons bon espoir. Quelques km de plat et rampe finale pour accéder au village. Une petite demoiselle nous conduit à la fontaine du bassin, près de l'église et trois grandes nous font un brin de causette devant la boutique aux souvenirs. Le dernier coup de tampon. Demi-tour.
Versant Est Sault : 26 km / moyenne 4,7% (9,5 maxi) / dénivelé 1147 m / difficulté ***
Je ne suis pas fatigué, pourtant je ne peux suivre sur le plat. Calme ! À ta main, gère. Peu de monde. Avec la pente, je retrouve de bonnes sensations, je dépasse quelques cyclos de Montpellier. Enfin, à nouveau, le Chalet Reynard. Surprise, Pat, Christophe, FF sont là. Je m'arrête, mange deux tranches de pain d'épice. « Tu vas finir ? — Je veux, oui ! » C'est sûr, il serait plus facile de tourner à gauche et descendre... Peut-être certains le font-ils ? Et encore ces 6 km lunaires, le 34/24, 45 min à souffrir à 8 km/h. Je dépasse quelques rares collègues. Je suis « déposé » par deux costauds ; ils m'encouragent au passage. Eux doivent faire du 16 km/h, voiture suiveuse au cul ! Ah, c'est beau la jeunesse. 1,5 km, bientôt le dernier lacet. FF me crie : « Vas-y Michel ! ». Le final en danseuse et je termine applaudi par tous les gens présents. FF flashe à tout va. Il est 18h15. Manchette, coupe-vent, prêt d'une polaire, cap sur Bédoin. Pat me suit avec son véhicule.
Pendant la longue descente, j'ai le loisir de me remémorer la journée. C'est sûr, ce n'est pas facile, mais de nombreux licenciés du club en sont capables. Et si on organisait un car ? Croyez-moi, j'ai fait des épreuves bien plus dures, Marmotte, Étape(s) du Tour, Ariégeoise(s), où j'ai dû mettre pied à terre à maintes reprises et où j'ai fini complètement « détruit ». Pas ici, non ! Ce qui m'attriste, c'est que je n'ai pu envoyer les six « cartons » à M. Pic. Je vous ai parlé de l'avance « monstrueuse » de Pat ; même avec le « Galérien », il serait arrivé avant moi. Il a dû se résoudre à abandonner, par mesure de sécurité, chemin dans quel état ? Seul, sans liaison (portable muet), trempé aussi. Sur le coup, il a choisi la raison. Malheureusement, il ne sera pas « cinglé », dommage ! FF râlait en voyant le beau temps revenu, voisin du Vaucluse (120 km), il reviendra, vaincra dans un temps « canon » ; Christophe aussi, j'en suis persuadé. (Les commentaires à leur égard seront mesurés, s'ils étaient « méchants », vous me blesseriez également).
Putain ! J'ai le soleil dans les yeux. Mimi, ne te gaufre pas maintenant ! Aïe ! Une voiture, fais gaffe ! Bédoin, quel ram(a)dam dans ma tête... C'est fait, il est 18h45. J'arrive 15 min après Patrice et Olivier.
(à suivre)

Patrice C. Il est venu et il a vaincu. La preuve par l'image.

JPB, Posté le mardi 27 décembre 2011 09:09
Bravo les gars! Et contents d'être arrivés !...
(Transfert d'un commentaire du 29 septembre 2009)