30 JUILLET 2009
Merci à tous ceux qui m'ont complimenté dans leurs commentaires sur les articles publiés pendant que j'étais en Espagne... Ça fait plaisir... Le "travail" fut effectué dans un "locutorio" (cyber-café espagnol)... Avec quelques petites difficultés liées au clavier espagnol qui ressemble au clavier américain (QWERTY, pour ceux qui connaissent...) avec pas mal de touches qui ne sont pas placées de la même façon... Bref, il faut s'adapter. Mais ce n'est pas là que je situe mon "exploit" des vacances ! Un exploit d'ailleurs en partie involontaire... Je vais vous raconter ça.
L'endroit où je passe mes vacances, c'est la terre de mes ancêtres maternels. Pour le situer (Michel C. se posait la question dans un de ses commentaires !), cela se trouve sur la côte méditerranéenne, dans le Pays Valencien, au sud de la Catalogne, environ 500 km après Barcelone et 140 km après Valence.
Le Pays Valencien, région autonome dont la langue officielle est le "Valencien", dérivé du Catalan, fait 300 km de long et se partage en trois "Provincias", les départements espagnols : au nord, la Province de Castellón, au milieu, celle de Valence et au sud, la Province d'Alicante où je passe mes vacances d'été pratiquement depuis ma naissance... Ma grand-mère maternelle est née dans un petit village nommé Polop de la Marina, que les slogans publicitaires de l'office de tourisme local désignent à juste titre comme l'Oasis de la Costa Blanca. En effet, alors que, plus au sud, les environs d'Alicante paraissent semi désertiques, la région de Polop, appelée "Marina Baixa" (prononcer "BaÏcha") est très verte... C'est parce qu'elle est entourée de montagnes, formant un réceptacle pour l'eau, qui irrigue ensuite généreusement toute la région. Et ce ne sont pas des "montagnettes"! Le point culminant, situé à une vingtaine de kilomètres de la mer à vol d'oiseau est l'Aitana, 1557 m d'altitude. Plus près de mon lieu de vacances, plusieurs sommets forment un décor grandiose, tous visibles depuis ma maison; je vous fais un tour d'horizon : le Puig (dire "Pouche") Campana, 1408 m, Le Monte Ponoig (Ponotche), 1181 m, la Sierra de Bernia, 1128 m et la plus petite mais non la moins impressionnante, la Sierra Helada, 437 m seulement, mais formant une falaise qui surplombe la mer.

Depuis des années, j'escalade ces montagnes en VTT, en partant quasiment du niveau de la mer. Mon record d'altitude atteinte avoisine les 1400 m, sur les pentes de l'Aitana. Les pourcentages de pente sont souvent effrayants et je regrette de ne pas savoir les déterminer. Quant aux chemins, il sont très secs et accidentés et l'on dérape facilement. En hiver, les pluies torrentielles creusent des ornières sur ces chemins en pente et leur franchissement en cours d'escalade pose toujours des problèmes. Grimper sur les pentes de ces montagnes reste donc toujours un défi... Et chaque année, j'essaye d'ouvrir une nouvelle voie...
En ce 30 juillet 2009, je partis vers 18h (plus tôt, il fait encore trop chaud sous ces latitudes !) avec l'intention de faire le tour du "Campana" et du "Ponoig" à la recherche d'un passage encore inconnu... Estimant avoir une cinquantaine de kilomètres à parcourir, je pris la précaution d'emporter un dispositif d'éclairage avant et arrière, on ne sait jamais... Je fis les 20 premiers kilomètres par la route pour aller plus vite sur le site à explorer et puis je me mis en quête d'un chemin que j'avais déjà emprunté quelques années plus tôt et qui devait me permettre d'accéder à la zone de recherches... La progression du goudronnage des anciens chemins a malheureusement perturbé tous les repères que j'avais en mémoire ! J'ai eu beau tester 5 ou 6 sentiers semblant partir dans la bonne direction, je suis toujours tombé sur des culs de sac et je n'ai jamais trouvé le sentier que je cherchais ! Déjà 25 km au compteur et, à force de perdre du temps en explorations vaines, 20h à la montre. Pour rentrer avant la nuit, qui surviendrait vers 21h15, j'ai décidé de rebrousser chemin et de rentrer par la route... C'est alors que j'ai repéré un ancien chemin récemment goudronné que je n'avais pas encore testé et le démon de la curiosité et de l'aventure m'ont poussé à tenter cette dernière chance...
Cette nouvelle petite route, même si elle n'allait pas dans la direction initialement recherchée, s'avéra beaucoup plus longue que prévu, finit par laisser place à un chemin très praticable et, de fil en aiguille, je me suis retrouvé à quelques centaines de mètres (du moins, je le croyais !) du col qui franchit la montagne entre Ponoig et Campana : le "Coll del Pouet" (prononcer "Pohouette"), 883 m d'altitude... Connaissant le versant opposé à celui où je me trouvais, je savais qu'une fois ce col atteint, je n'avais plus qu'à me laisser descendre jusqu'à la maison sur 12 ou 13 km, dont 8 ou 9 d'un chemin présentant toutes les caractéristiques que j'ai décrites plus haut, à savoir pente, terrain piégeux avec ornières et gravillons, mais terrain connu ! Plus question de rebrousser chemin ! Plusieurs personnes, ainsi que la consultation de la carte m'ayant signalé un sentier pédestre dans ce secteur, je me mis à le chercher... Il me faudrait probablement pousser le vélo pendant un bon moment, mais tant pis ! Très vite, la chance se manifesta sous la forme d'un jeu de piste, comme dans ma jeunesse : au milieu de l'allée, une flèche formée de plusieurs branches signalait l'amorce du sentier !... Un large sourire exprima mon enthousiasme et ma détermination ! J'étais sur la bonne piste...
Atteindre le col ne fut pas de tout repos ! Un sentier étroit et escarpé avec des épingles à cheveux et des obstacles à franchir... Déjà pas facile à pied, alors en poussant un VTT... Mais je me sentais gonflé à bloc ! Je me suis arrêté à plusieurs reprises pour admirer le paysage, respirer les senteurs de pin et de romarin, photographier le coucher de soleil sur l'Aitana (photo ci-dessous)...

Je repars prudemment, je sens que mon c½ur bat plus vite... Pourtant, dans la montée, tout à l'heure, il n'a pas ménagé sa peine ! Il faut croire que l'appréhension élève davantage que l'effort le rythme cardiaque ! Je freine en permanence car je n'ai pas assez de visibilité pour anticiper... Je vois les ornières au dernier moment ! Pas question de laisser ma monture prendre de la vitesse ! Par moment, le vélo dérape, la tension monte encore d'un cran ! Je sais que si je freine davantage, je risque de ne plus maîtriser du tout la trajectoire et de me casser la gueule ! Je suis concentré au maximum, essayant de repérer la meilleure trajectoire, enfin, la moins dangereuse : éviter les ornières, les gravillons, et les gros cailloux qui roulent (les Rolling Stones, pour les connaisseurs)... Parfois, il n'y a pas le choix, il y a les trois à la fois et rien de mieux à faire que juste essayer de ne pas se viander ! Deux ou trois fois dans la descente, la pente s'adoucit au point que j'ai l'impression d'être sur du plat ! Je lâche les freins... mais ce n'était qu'une illusion (je n'ose pas dire "d'optique" car je n'y vois vraiment pas grand chose !) et le vélo prend tout de suite de la vitesse... Et attention aux gravillons ! Reprise de freinage... en douceur ! Je commence à fatiguer ! De nuit, elle me paraît interminable cette descente ! Il est vrai qu'à la lumière du jour, je la descends sensiblement plus vite... Quand je sors enfin des nuages, je me sens un petit peu mieux. J'aperçois au loin, sur ma droite, les lumières de Benidorm et pratiquement devant moi, celles de L'Alfas del Pi où se trouve ma maison. Je tiens le bon bout ! La fin se passera sans incident majeur, à part une petite frayeur due à un dérapage qui a failli me jeter au tapis, jolie façon de désigner ces foutues caillasses qui ont tenté de me faire perdre l'équilibre à un moment où j'avais cru pouvoir me relâcher un petit peu...
Je n'avais jamais eu l'occasion de faire du VTT de nuit ! C'est maintenant chose faite ! Même si je n'ai pas choisi pour cela le terrain le plus approprié ! En fait, vous l'avez compris, je n'ai rien choisi du tout ! Mais je ne regrette pas... J'aime ce côté "aventure" du VTT. Curieusement, je n'aimerais pas décider à l'avance que je vais me mettre dans ce genre de situation. Mais lorsque le hasard et l'esprit d'aventure m'y entraînent, j'avoue que j'y trouve beaucoup de satisfaction et d'excitation...
A bientôt peut-être pour de nouvelles aventures en VTT !
Claude
Michel C., Posté le lundi 26 décembre 2011 04:00
Merci Claude pour toutes tes précisions géographiques, je te situais tout au sud. Ce soir, je m'endormirai moins con.
(Transfert d'un commentaire du 10/08/2009)