Mercredi 10 septembre 2008
C'est fait, je suis "cinglé" ! Vous me direz : on le savait depuis longtemps et ce n'est pas la peine d'en écrire un article, ni d'en faire "un fromage" (ou une fondue !!! Plutôt un fondu !!!). Oui, je suis d'accord avec vous mais je veux dire par là (non pas par là ...!!!) que j'ai rejoint les deux autres cinglés de notre club, James SAVIN et Pascal LECLERCQ, qui comme moi se sont inscrits au Club des CINGLES du VENTOUX, club cher à Christian PIC. L'exploit consiste à grimper, dans la même journée évidemment, le VENTOUX, par les trois routes partant de MALAUCENE (coté Nord), BEDOIN et SAULT, ces 2 dernières montées ayant le final de 6 kilomètres en commun, à partir du Chalet REYNARD. Il faut aussi féliciter Gégé GUITTET qui, lui, l'a escaladé le 07 septembre 2008, on s'est loupé de peu. Ils ne voient que des jaunes et verts au VENTOUX en ce mois de septembre !!!

7h05, j'attaque la côte par MALAUCENE, vu que j'y ai posé mes valises avec Michèle et Ophélie pour quelques jours. Il tombe quelques gouttes mais le temps est annoncé "beau" par Laurent CABROL et moi je crois cet homme. La pente de ce côté Nord est un peu plus variée et il y a quelques passages de récupération, mais p....n que c'est dur ce matin ! J'ai passé une mauvaise nuit, un peu "angoissé" par cette aventure, ayant beaucoup de doutes pour la réussite !!!
Enfin le Mont SEREIN, station de ski l'hiver (quand il y a de la neige, bien sûr !), 18ème kilomètre, j'ai fait cette première partie de montée seul. Moi qui pensais avoir de la compagnie, c'est raté ! Mais vu ma cadence, il vaut mieux être discret. Je perds un peu le moral et je me rassure en me disant que de toute façon, si ça tourne mal, j'aurais au moins gravi le VENTOUX comme les belges "une fois"!!!
C'est à 4 kilomètres du sommet que j'aperçois enfin devant moi un "forçat". J'ai envie de faire la jonction avec lui mais en restant modeste sur le coup de pédale. Pas de panique ! Si je continue, j'aurai besoin de toutes mes forces, et plus... Je le rattrape quelques mètres plus haut ; c'est un type super, il est kiné à Avignon (je repense à l'Ardéchoise avec Guy), et on est du même âge. C'est un fêlé du VENTOUX ! D'abord, c'est un "CINGLÉ" et il m'avoue avoir fêté cet été sa centième ascension du mythique sommet !!! Et de plus, il est venu ce matin seulement car il travaille cet après-midi ; c'est pas de l'amour ça !!!
Il me réconforte avec son accent "chaleureux" du coin et me conseille. Il m'explique comment il est devenu membre du club : une journée ordinaire, il commence l'ascension avec un jeune belge qui lui explique que lui est inscrit aux "cinglés" et qu'il est en train d'essayer de réaliser les trois montées. Sur ce, il décide de l'accompagner en faisant tamponner ses passages étapes-sommets sur un papier libre. Le lendemain, il contacte PIC en lui expliquant les tenants et les aboutissants de sa journée, et ayant réglé sa cotisation, il est admis au club par effet rétroactif. Sympa comme histoire !!!
Arrivé au sommet, le vent me refroidit et la brume entoure la montagne. Pour le point de vue, ça tombe bien, il faudra que je remonte plus tard !!! Coupe-vent enfilé, je redescends sur le Chalet REYNARD, puis je me laisse glisser sur BEDOIN où il fait beau et chaud... Là je retrouve Michèle et Ophélie. Pour reprendre des forces, des fruits, boire, juste un passage chez le vélociste du coin qui me règle mon dérailleur arrière qui fait du bruit quand je suis sur la couronne de 26 !! et comme on est toujours sur cette couronne !!! Voilà, je suis prêt à affronter la 2ème séance. C'est la plus dure, paraît-il, petite route dans les bois, mais pas de répit pendant 20 kilomètres, la plus utilisée par les cyclos. Je confirme : la chaleur commence à faire ses petits effets. En revanche, là, il y a des cyclos partout, que je double, qui me croisent, qui me doublent !!! aïe... aïe... Ça devient dur !!! Accroche-toi JP, c'est le moment de ne pas flancher, mais surprise... arrivé presque au Chalet REYNARD, j'entends derrière moi un cyclo qui me dit : « ah ! mais il me semblait bien que je reconnaissais ces couleurs de maillot, l'AS Brévannaise ! Salut ! dit-il en me dépassant, je suis le fils du libraire de Limeil-Brévannes, sur la place !!! »
« Ah oui, eh bien salut ! ai-je eu juste le temps de lui répondre. Tu es Nicolas FRISCH, je donnerai le bonjour à tes parents... » Il était déjà loin devant, ce jeune grand gaillard brun aux cheveux longs dépassant du casque. Ex-pro de la Saulnier-Duval sur le tour 2006, je n'ai pu que l'apercevoir quelques instants. Il s'entraînait avec un pote du même acabit que lui, des bêtes de course, des purs-sangs !!! D'ailleurs, je les ai recroisés, moi finissant mes trois derniers kilomètres, dans le paysage lunaire du sommet, eux deux dévalant la pente du retour, les mains en bas du guidon, le coupe-vent claquant comme une voile. Ils étaient au moins à 70 ??? Ça m'a presque "déventé"... Donc, fin du deuxième acte : arrivée, sous la chaleur, pour la 2ème fois au VENTOUX, il est 13h10... Ouf (2 fois).
Là, il faut que je vous raconte une autre petite anecdote, pas banale. Je souffle quelques instants au sommet, j'appuie mon vélo sur un poteau et... un couple s'approche l'air curieux. « Ça n'a pas l'air facile, me dit la dame... » « Ben oui, rétorquai-je, surtout que moi, je... etc. etc. » « Ah, ben oui alors surtout avec cette chaleur... Heureusement que vous êtes bien équipé... Je voudrais me mettre au vélo plus sérieusement, me dit le Monsieur. D'ailleurs le vélociste de MALAUCENE me propose un de ses KTM qu'il a en location, des vélos de l'année qui ont peu servi, 600, qu'est-ce que vous en pensez ??? Ça me paraît correct, surtout si vous continuez à en faire dans votre région, au fait vous êtes d'où ??? (lavé avec Mir Laine, il fallait que je la fasse!! excusez-moi !!)... Nous sommes du JURA !!! Alors ça, elle est bien bonne celle-là ! C'était un copain, on ne s'était pas revu depuis 20 ans, quand j'habitais DOLE (le Jura). Il était garagiste, il entretenait ma voiture et faisait mon co-pilote sur les rallyes dans les années 82, 83, 84 : On ne s'était pas reconnus tout de suite, le monde est petit quand même, ma brave dame !!! Bref, j'ai perdu plus de 20 minutes à parler du passé, on se reverra le lendemain à MALAUCENE... Salut, mais moi j'ai du pain sur la planche. Ou plutôt, j'ai de la pente à descendre et à remonter !!!
Je redégringole sur REYNARD et je bifurque à gauche pour retrouver Michèle à SAULT. Juste avant d'y arriver, il y a une dernière petite côte de 500 mètres et je vais pouvoir me reposer un peu, et manger pour attaquer la der des der, la plus redoutée ! Non pas par ses pourcentages, puisqu'on repart de 700 m et la pente est raisonnable (à part les 6 derniers km dans le lunaire !!), mais parce que je commence a en avoir plein les "SIDI" et que s'il n'y avait pas d'enjeux comme le brevet et les copains au courant de ma tentative, j'en resterais bien là, à l'ombre à faire une petite sieste !!! Mais le "devoir" m'appelle ! Debout la République, non je délire (ça, c'est le slogan de DUPONT-AIGNANT, mon maire de YERRES !!!!). Debout JP, ça suffira.
Après le succinct repas (merci Michèle), j'ai bien du mal à remettre en route la machine !!! C'est reparti pourtant, ce serait bête de caler à la dernière montée, à 26 kilomètres du but (je ne compte pas les 26 autres de... descente ) !!! L'asphalte de la route est bonne, on grimpe dans les bois et la pente est beaucoup moins accentuée, que 4,7% (avec 9,5 maxi) en moyenne. Alors que sur les deux premières, on était à 8% (avec 10,5 maxi) et je me dis que si c'était la première ascension, ce serait un réel plaisir. Là, c'est plutôt l'inverse... J'enlève mon casque pendant un kilomètre, mais il me gêne. Je ne peux pas mettre mes mains où je veux sur mon guidon... Quand on est un peu entamé, le moindre petit désagrément devient un gros problème. Je me "rechausse" la tête, vu que moi, j'ai la"tête pied nu". Tant pis pour la chaleur !!! Je me fais doubler deux ou trois fois... Enfin, les deux derniers kilomètres sont sur un faux plat, 17-18 km/h, ça fait de l'air et du bien de tourner un peu les jambes !!! Puis au détour d'un virage, ça y est : le Chalet ! Je fais une halte auprès de Michèle afin de finir par le juge de paix. Plus que 6 km et c'est gagné !!! Mais ce sont les plus durs, compte tenu des antécédents...
La dernière "bosse" est effectivement un calvaire, je n'ai plus rien dans les "chaussettes" et l'arrivée au sommet est un soulagement, il est 17h50, le frais commence à tomber sur les épaules. Vite, je me couvre bien et je plonge sur les 26 derniers kilomètres qui ramènent à MALAUCENE à 18h15. Terminus ! Tout le monde descend. Nous fêtons avec Michèle ce modeste "succès" en me "tapant une maxi bière au bar" comme chez soi sur le cours du village. Je suis crevé, vidé mais heureux d'avoir pu relever ce défi, j'espère que ça vous donnera des idées et l'envie de "faire le VENTOUX”. Je vous confirme, ça vaut le coup. De plus, il y a des cyclos partout, ça rappelle l'Ardéchoise !!!
Je vous quitte en vous disant : « à bientôt sur les routes d'Ile de France »...
Cyclosportivement vôtre,
JPB
Mathieu, Posté le vendredi 03 octobre 2008 16:37
Félicitations JPB ça force le respect! Ca donne vraiment des idées. Le Ventoux va devenir la chasse gardée de l'ASB.